Le régime de gouttes froides qui génère une grosse instabilité et des orages difficilement localisables semble enfin s'écarter. On repasse sur un modèle plus prévisible avec une grosse rentrée de Nord sur le couloir Rhodanien. Au matin de la fête des pères, mes modèles météo semblent unanimes sur la situation dans les Alpes du Sud. Trois journées semblent annoncées avec de bons plafonds et le vent semble se calmer là-bas.
Les alsaciens ne veulent pas descendre aussi loin. A 13h30 je file donc seul vers le sud... un long trajet avec ma fidèle et vieille Volvo pour rejoindre Vince sur un parking de camping, à deux kilomètres du point de rendez-vous pour monter au col de Bleine. Benoît M. me confirme qu'il y sera à 9h avec d'autres top pilotes de Gréolières.
Je fais une halte à Sisteron où j'ai juste le temps de me calquer une trace vers Moustiers Sainte-Marie pour le lendemain. Le réseau GSM dans les pré-Alpes est concurrentiel et le réseau Orange n'est pas très bien desservi! Retour à l'ère du Edge!
Bleine, Dormillouse, Saint-Julien du Verdon
Brèves salutations avec Vince pour nos retrouvailles et je m'endors dans mon duvet après minuit. La fatigue me réveille au petit matin... Ma lenteur légendaire n'en est que plus légendaire. On arrive à 9h08 au point de rendez-vous. Plus personne, ce qui n'est pas trop grave en soit car nous sommes autonomes!

J'ai déjà 30 minutes de retard quand je prends la voie des airs. Vince a décidé de ne pas tirer la branche à l'Est et de se caler dans le sillage de l'Enzo agressive de l'athlète bien connu des deux dernières Xalps.
Moi je vais tâter la masse d'air vers Fourneuby et je fais demi-tour en retrouvant Benoît M. Toujours un plaisir de voler avec lui car ce n'est pas un furieux du barreau et même si l'écart se creuse sur les transitions avec sa Zeno, j'arrive à l'avoir en visuel.
Le Nord-Ouest n'était pas franchement prévu au programme matinal et il va commencer à distiller les premières difficultés dans les cheminement.
J'arrive sous le vent du Teillon et je me vois contraint de jouer du huit sous le rocher alors que Benoît a déjà rebondi sur la crête du Crémon où semble galérer la Volt 3 qui était partie avec Vince. La découverte de Moustiers Sainte-Marie... ce sera pour une autre fois. Le ciel est bleu et ce vent ne m'inspire, ni Benoît d'ailleurs.
Je rejoins la Volt 3. On fera une partie de la route ensemble derrière Benoît et Laurent (sous sa Zeno bleue et blanche). Le passage au Maurel n'est pas plaisant. Les thermiques sont puissants et désagréablement cisaillés par le Nord-Ouest. La tendance du début s'accentue... c'est vraiment champagne, de l'huile comme dirait Rom, mais bien frite ;-).
On s'élance sur la petite crête à l'Est du Petit Cordeil alors que les Zenos rallient déjà la montagne de Cordeil. On se retrouve dans une confluence moisie sous le vent du Sommet Meunier et la brise de Sud qui remonte la gorge. Je ralentis dans un thermique un peu mou alors que la Volt, deux cents mètres plus loin, se fait secouer. Elle semble monter plus énergiquement. Je me décide à la rejoindre pour ne pas perdre de temps. Mauvaise décision. Je ne trouve pas la bulle... et me voilà parti pour 30 minutes de galère. Je finis par trouver la porte de sortie dans la dernière combe au Nord.
Un deuxième vol débute. Je suis désormais seul... mais mes souvenirs de mon premier vol à Saint-André, il y a deux ans, sont bien intacts. Je sais ce qui m'attend... Cote Longue, L'Estrop... L'aérologie est tout autre. Avec ce Nord-Ouest et l'instabilité du jour, les conditions sont thermonucléaires.
Peut-être, est-ce la fatigue de la route de la veille, mais j'ai l'impression que les Dolomites, l'an dernier, étaient un jardin d'enfants! Aujourd'hui, c'est les montagnes russes!
A la Roche Close (2739m), je croise Benoît qui revient déjà. Les kilomètres s'enchaînent vite sur la blanche. Je croise Vince qui rentre aussi, mais d'un tout autre parcours à suivre Benoît Outters...
Le Nord-Ouest pousse donc pour le retour, le rythme est plus soutenu. Le Mourre Gros est devenu le Mordor. Le mur d'ombre semble fermer l'accès à Côte longue. Une mauvaise idée me vient... un raccourci par la Tête d'Adrech de Vachière qui n'est pas complètement passé du côté obscur!

Je vais contourner la difficulté de Cheval Blanc en prenant plus au large, à l'Est, par la montagne de Chamatte. Je me laisse glisser sur le sommet de Sangraure (2559m), puis le long de la crête, jusqu'au sommet de Denjuan (2401m). Je rejoins la montagne de Cordeil sans encombres.
Personne aux alentours de Saint-André. J'entends la radio qui crépite. Il semblerait que Benoît et Vince se soient retrouvés près du Lac de Castillon avec une rentrée de Sud bien invalidante. Ils ne peuvent me parler... ils sont dans les ténèbres des sur-développements à l'Ouest.
Au Serre Gros, je quitte le sommet du thermique à 2200m pour Saint-Julien du Verdon dont la crête rocheuse commence de nouveau à briller.
Benoît passe sous mes pieds, poussé par le Sud. Il veut tenter de passer par le Pic de Chamatte (1879m) et la Bernarde (1941m).
Vince est là dans l'ombre et essaie de remonter suffisamment haut pour basculer sur les faces Sud-Ouest du Crémon (1761m). Le Sud est trop fort et l'ombre toujours présente sur l'autre versant du Lac.
On tentera plusieurs options tous les deux mais au bout de 40 minutes, nous nous résignons (les 160 kms bouclés, ce sera peut-être pour demain?!) à poser pour assurer un retour rapide à la voiture afin de préparer le vol du lendemain qui devrait être bien meilleur.
Un jeune, originaire de Castellane, nous y ramènera. Benoît n'aura pas réussi à basculer sur la Bernarde, la convection étant sur la fin. Il nous récupèrera au centre ville avec l'aide majeure de Laurent qui aura été le chercher avec sa voiture.
Encore un grand merci à vous deux pour le retour à Thorenc.
Quelques traces pour mieux comprendre...
Fourneuby, Moustiers Sainte-Marie, Dormillouse, Fourneuby

Retrouvailles avec Pilou (ses autres acolytes ayant préféré le col de Bleine).
Nous laissons les voitures sur le bas côté de la route, pour une marche à travers le maquis de 30 minutes. Un dernier petit raidillon et nous nous retrouvons sur la crête qui offre un joli déco sauvage bien dégagé.
Bonne humeur, tout le monde semble inspiré aujourd'hui.
Benoît M. est déjà prêt. Il décolle à 10h quand la première bouffe vient ébouriffer les herbes grasses du déco. En ressortant derrière mon buisson, tous les crosseurs sont déjà en l'air! Je fulmine, mon retard se creuse encore, un pilote moins expérimenté tardant à décoller devant moi. ça y est je suis enfin en l'air!
Je m'engage tout de suite à l'Ouest, le couteau entre les dents... bien décidé à rattraper les copains.
Je rattrape Pilou au col de Bleine et je vois des Alpinas que je reconnais (celles de Jean-Paul & Jo).
Des ailes replongent sous la cime de Bausson (1657m). Je ne veux pas ralentir et m'arrêter ici pour attendre le cycle suivant, je me jette à 1800m sur les Lattes. J'arrive à 160m sol en appui sur le mamelon au dessus du village. Tout doux Eric, tout doux!

Décalages successifs d'ascenseurs, et je me retrouve sous les barebulles à 2700m au Teillon.

Je reconnais Lolive sous sa Swift 5 sur ma droite, plus haut.
Je le rejoins dans un thermique un peu biscornu vers 2200m.
D'autres passent par là, comme Benoît Outters. Lolive part derrière vers le sommet du Pioulet (1744m). Je préfère tirer tout droit derrière l'Enzo de Benoît sur l'arête du Pavillon (1625m).
Il continue son chemin vers le Nord, je m'écarte vers Moustiers Sainte-Marie pour apprécier d'un peu plus près le lac de Sainte-Croix et les gorges du Verdon où j'ai grimpé il y a dix ans. Quelle ambiance!!!
Dans le coin de l'oeil, l'étalement se fait plus présent sur le plateau... il est grand temps de faire demi-tour!

Je crois voir Jo en difficulté plus bas. Vers Venascle, un timide thermique se présente à moi... je ne fais pas la fine bouche et je le bois jusqu'à la lie! Le sud me fait dériver vers la crête du Pavillon. Parfait!
Raccrochage à 2200m. Je longe la crête dans la pénombre. Plus personne devant. Je regarde mes instruments qui me confirment la ligne de ma préparation. Les gorges qui mènent à Digne ne m'inspirent pas franchement. Je suis donc le plan original...
La montagne de Beynes (1600m) est à l'ombre aussi. Je vais passer plus à l'Est, au soleil par le petit relief derrière Saule-Mort! ça me ressuscite.

Je retrouve Vince au sommet de Pompe (1724m). Il me confiera après qu'il était là depuis un moment à faire l'essuie-glace. C'est sympa les copains qui temporisent ;-). A me voir, ça lui donne l'impulsion pour rebondir sur la montagne de Carton (2123m).
Il semble fatigué et a du mal à sortir... il fuit plus à l'Ouest et se jette sur le Tromas (2502m) pendant que je me laisse dériver dans ce thermique qu'il a boudé et, qui me rallonge.
La combe du Gourgeas ne l'inspire pas plus... il fuit devant et je crains de le voir disparaitre dans les bas fonds.
Il est plein de resources, je me re-concentre sur ma montée au rocher. Du cheminement et un petit thermique me remonte au Puy de la Sêche (2820m). Je ne vois plus Vince, je crains le pire...
Feu vers la Blanche... j'enroule juste le nécessaire. Neillière (2459m), Pic de Bernardez (2430m), Pic de Savernes (2340m)... une M7 verte arrive en trombe sur ma gauche. Incroyable! Vince! Il revient en force... full speed! Il reprend les devants. Au fort de Dormillouse, il vire et fait demi-tour.

Je ne l'écoute pas en me laissant happer par le cumulus joufflu au-dessus de Saint-Vincent. Quand je vire, il est déjà loin. J'écrase de nouveau le barreau... L'Ouest pousse.
Je l'aperçois de nouveau au pic des Têtes.
Je lui emboite le pas... en rebondissant aussi à la Tête du Roucher Troué où je suis rejoint par une Wild (un autre Benoît), une Zeno qui n'est autre que Benoît M.

Mimétisme disait Baptiste Lambert. Excepté que derrière une Zeno, une Alpina ne monte pas aussi bien et que dans les transitions accélérées elle dégrade bien plus.

On glisse sur la montagne du Carton pour s'écarter ensuite vers le Cheval Blanc et fondre sur Cote Longue où la M7 de Vince a montré la sortie aux guns (Benoît O. et Benoît?) qu'il a rejoints.
Viscosité mentale, viscosité dans le thermique... je monte moins bien que Benoît M. qui veut raccrocher le train. Il part plus tôt... je le suis aussi, 200 mètres plus bas.
Je raccroche le Petit Cordeil qui m'avait valu des déconvenues la veille. Je tire le frein à main! Ce serait dommage de poser là! Le thermique de la crête est mou. Je le visse. 500 mètres plus haut, ça s'intensifie... ppppiiiioufff!

A la pointe, la pompe à couillon semble s'essouffler à 2200m.
Deux voiles semblent ne pas avancer bien vite vers le Crémont et Saint-Julien. Ils sont bas et en difficulté!
Je tente et si ça ne porte pas en arrivant sur la crête de Saint-Julien demi-tour... J'arrive à 1600m à l'extrémité de la crête. C'est bas... si j'arrive à rentrer dans la combe ça devrait remonter.
Contrairement à hier c'est du Sud-Ouest ce soir et c'est au soleil. Ma finesse chute. J'écrase le barreau... Au pire je fais demi-tour si ça ne passe pas, le prés confortable de la veille m'accueillera bien.
La crête se rapproche... j'aperçois un petit champs en contrebas près du Lac de Castillon.
Je ne lâche pas le barreau... le vario commence à refaire parler le positif au moment où je bascule dans la combe.

Mon Alpina accélère de nouveau, comme pour me dire qu'elle ne se plait pas dans ce trou. Je lui donne tout son potentiel de montée en virant sur la tranche pour ne rien lâcher. C'est la clé de ce vol...

Ma Vz s'accélère et je ressors du trou sous les yeux des deux pilotes qui ont finalement posé à Saint-Julien. Je me décale sur le sommet du Crémon (1761m) pour une ascendance qui m'expédie à 2350m.
Le retour à Fourneuby n'est pas encore garanti... le Sud-Ouest est plus marqué maintenant.
Soleilhas est au soleil (normal me direz-vous!). Le Teillon aussi.
Option Teillon, option conservatrice... j'ai lâché l'accélérateur. Commandes au contact.

La crête sud est encore au soleil... Un gentil thermique me décale derrière m'évitant le sous le vent.

Un bon 16kms/h m'accueille sur la crête. Plus besoin d'enrouler! Je chemine rapidement en laissant mon accélérateur au fond de ma sellette. Le retour semble acquis. J'essaie de joindre Vince qui avait creusé l'écart à Saint-André. Sans succès!
Au lieu de consulter mon optimisateur de triangle, je prends des photos des derniers rayons de soleil qui barbouillent le fond de vallée. Dommage, le FAI 200 n'était pas loin en tirant plus à l'Est... quel touriste! Ca me servira de leçon!

Je vois alors surgir l'Alpina de Jean-Paul, qui rejoint elle aussi Fourneuby.
Ma voiture est toujours là en bord de route. Toujours pas de nouvelles de Vince.
Je m'aligne côté Nord de la crête et je finis par poser au déco... quelle idée lumineuse, je vais devoir redescendre à pied dans la pampa pour rejoindre le goudron.
Alors que je dévale déjà la pente, mon téléphone sonne. C'est Vince. Il a réussi à rentrer lui aussi et a rejoint sa voiture à l'atterro.
Rhhhaaa... j'ai posé là-haut pour rien.
Après 40 minutes, je finis par le retrouver à l'atterrissage! Quel touriste!!! Mais quel vol! Admirer les trois lacs majeurs des Alpes du Sud dans la même journée par la voie des airs, un rêve qui se réalise!
Il faudra revenir un jour en espérant pouvoir optimiser tout ça, comme les locaux!
Quelques traces pour mieux comprendre...
Entre Vercors, Chartreuse.... et porte des Bauges :-(
J'ai préféré quitter les copains du sud des Alpes pour remonter sur la Mure, pour passer une soirée avec mon ami Philippe L, et me rapprocher du Gua afin d'être en forme pour cette journée de jeudi au départ du Vercors.
Rendez-vous à 7h45 donné par Stephen pour une proposition d'Yvon direction le Col Vert.
Sur le papier, les prévis sont plutôt alléchantes et un aller / retour à Annecy semble envisageable.
L'organisation de co-voiturage ESI se met en place rapidement. Nous sommes rejoints par d'autres clubs Saint-Hil, Z'Eleph... une bonne vingtaine de pilotes.
C'est le seul désagrément de ce décollage sauvage d'altitude. Les suspentes s'emmêlent souvent dans la végétation et une prévol impeccable est obligatoire.

Les conditions sont déjà fumantes à 10h30, seuls les plafonds semblent assez bas, à peine au-dessus des crêtes.

Demi tour sous le Grand Veymont... les autres ont fait demi-tour avant (et pour cause, la réserve intégrale du Vercors demandant d'être au-dessus de 300m sol :-/).

A ce petit jeu j'arrive à rattraper Aurélie et son Alpina Rose. Je la double avant Moucherotte où un gros cumulus bien vaporeux englobe le rocher à 2000m.

Je surfe un peu le bord et confiant me lance sur le cyclotron (qui nous interdit de descendre en-dessous de 1290m) en partant à 2100m.
Je fais une laisse de chien vers Grenoble sur une ligne que je trouve plutôt porteuse.
Mon instrument de vol commence à clignoter... la ZIT (zone d'interdiction temporaire) se rapproche mais le pire c'est qu'il m'annonce que je vais la traverser!
J'accélère, trop tard! Rhhhhaaaa! 13 secondes avant d'en sortir, 50 mètres de trop!

Le sommet de la Dent de Crolles est embrumé. Vraiment étrange cette journée. C'est fumant mais les plafonds ne montent pas! Il est tôt. Comme les pilotes qui me précèdent, j'avance très vite en bordure de nuages. Je fais un cercle de temps en temps pour voir qui me suit... Aurélie n'est pas loin!

Une SWIFT (Ozone) se lance dans la transition vers les Bauges plus bas devant moi. J'hésite à rester là en prenant le prochain cycle... et je me laisse influencé, grisé par la vitesse.

Le pilote devant moi qui est passé plus à droite, s'en sort mieux en étant plus haut maintenant... il se jète dans le couloir que je visais, et ressort lentement mais surement. Je suis vraiment bas! 500m d'altitude!
Dans un premier temps ça remonte fort, je sens que la sortie est possible, je m'avance, ça redescend aussi sec, je frôle les feuilles! Je vire pour retrouver la partie ascendante... la brise me pousse à Mach 12! Plus rien pour me raccrocher... je suis vraiment bas. Les arbres forment un effet bagnard.
GAME OVER! Sécurité oblige... je m'écarte pour poser dans un petit champs dégagé, aux portes des Bauges. Alors que je plie, Aurélie et un joli groupe me passe au-dessus de la tête.
13h30-14h c'est un peu tôt pour s'extraire facilement de la Savoyarde.
Les gros vols inter massifs demandent d'être particulièrement scrupuleux en ce qui concerne les altitudes minimum de transition. Une belle leçon à retenir...
L'aller-retour Vercors-Bornes, ce sera pour une autre fois. Lot de consolation, un 100kils avec une vitesse moyenne plutôt élevée à un peu moins de 30kms/h.
Vivement le prochain créneau pour corriger tout ça!
0 comments :
Enregistrer un commentaire